À bientôt 91 ans, Colette Bourlier soutient sa thèse en Géographie et l’obtient avec « Mention très honorable » !
Alors que Colette a obtenu son Baccalauréat en 1944 et son Capes d’Histoire-Géographie en 1956, elle vient tout juste de décrocher sa thèse en Géographie, débutée… il y a 30 ans. Reçue avec « Mention très Honorable » pour des recherches sur les travailleurs immigrés à Besançon dans la deuxième moitié du XXème siècle, son deuxième directeur de thèse, Jacques Fontaine, n’a pas lésiné sur les compliments. « La mention très honorable récompense la qualité de la forme et du fond. Ce travail est très bien écrit, ce qui est relativement rare. Quant au fond, il réside dans la quantité de données statistiques et dans la finesse d’analyse. »
Une thèse transdisciplinaire et nourrie de vécu
Serge Ormaux, le dernier des trois directeurs de thèse, confirme. « La thèse de Colette Bourlier sera incontournable sur le sujet de l’immigration à Besançon. Déjà, on pense à une publication scientifique. Ce travail, c’est de la géographie, mais aussi de l’économie, de la sociologie, de l’histoire, des sciences politiques. C’est très transdisciplinaire. » Quant à elle, Colette est restée très modeste et a simplement déclaré « j’ai fait du mieux que j’ai pu, je crois que le jury était satisfait ».
La réussite de son travail s’explique notamment par une grande expérience quant à l’accueil et à la vie des immigrés. Pour preuve, Colette n’a jamais cessé de travailler sur la problématique des travailleurs immigrés depuis 1983, date à laquelle elle a pris sa retraite et débuté sa thèse. Experte sur les spécificités des différentes nationalités, sur l’accueil qui leur est fait, ou sur leur participation à la vie économique locale, Colette connait tout de cette population qu’elle côtoie depuis les années 60. Elle a elle-même participé à leur accueil et à leur alphabétisation.
Comme en témoigne Jacques Fontaine, « c’est l’une des spécificités de ce travail, cet accès à un vécu et à un ressenti, même si elle en parle relativement peu. Il y a un vrai background ».
Une soutenance de plus de deux heures pour une thèse de 400 pages
Pendant plus de deux heures, cette ancienne institutrice devenue professeur d’Histoire-Géographie dans les années 50 a présenté les travaux de sa thèse, de plus de 400 pages entièrement manuscrite et aux nombreux tableaux réalisés à la main – le tout sans internet, auquel la vieille dame avoue ne rien comprendre.
Comme en témoigne Serge Ormaux, membre du jury et professeur à l’Université de Franche-Comté, la vieille dame a réalisé « un vrai travail de chercheur. ». Il poursuit: « pendant vingt, vingt-cinq ans, Colette Bourlier s’est occupée de l’accueil et de l’alphabétisation des populations immigrées sur Besançon. Elle a fait un énorme travail, leur a consacré beaucoup de temps, d’énergie et a été immergée dans tous les dispositifs nationaux et locaux d’accueil des immigrés qu’elle connaît parfaitement. »
Crédit photo principale : Capture d’écran France TV Info
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