Le gouvernement britannique durcit la loi contre les «deepfakes» à caractère sexuel, élevant leur production et distribution au rang de délit, passible de trois ans de prison.

La criminalisation des deepfakes sexuels

En réponse à une menace croissante sur le respect de la vie privée, le gouvernement britannique a décidé d’agir fermement contre le phénomène des « deepfakes », des contenus multimédias manipulés via l’intelligence artificielle. Spécifiquement, la création et la distribution de deepfakes sexuellement explicites seront désormais traitées comme des crimes.

Ces modifications législatives illustrent une plus grande compréhension des dangers que l’ère du numérique peut apporter concernant la protection de la vie privée individuelle et l’application de la loi sur la pornographie non consensuelle. Les contrevenants pourraient désormais encourir des peines de prison allant jusqu’à trois ans pour avoir créé ou diffusé de tels contenus.

Face à une menace technologique croissante

Les « deepfakes » tirent leur nom de la contraction de « deep learning » (apprentissage profond) et « fake » (faux), désignant des contenus multimédia dont l’authenticité a été altérée par l’intelligence artificielle. A l’origine utilisés pour des memes ou des parodies, ces contenus ont rapidement trouvé une application plus sinistre, celle du « revenge porn », où une personne substitue le visage d’une autre dans un contenu pornographique sans son consentement.

La technologie derrière les deepfakes est devenue étonnamment accessible ces dernières années, laissant chacun avec un accès internet potentiellement capable de créer du contenu falsifié. Face à cette prolifération, les cadres légaux se doivent d’évoluer pour protéger les individus victimes de ces nouvelles formes d’atteinte à la vie privée.

Le respect du consentement en question

Au-delà de la criminalisation de la création de deepfakes à caractère sexuel, le Royaume-Uni cherche également à mettre l’accent sur la notion de consentement. Les nouvelles mesures législatives comptent renforcer celles déjà existantes contre le « revenge porn ». Elle stipulent ainsi que toute personne dont le visage se retrouve intégré dans un film pornographique sans son consentement exprès est une victime.

Il est à espérer que cette avancée législative ait un effet dissuasif sur la création de ces contenus et offre une protection sans précédent aux victimes potentielles. Reste à savoir si d’autres pays suivront cette voie initiée par le Royaume-Uni.

Reste à lutter contre la diffusion

Si la création de deepfakes sexuellement explicites est maintenant considéré comme un crime, le combat est loin d’être terminé. La prolifération de ces contenus reste en grande partie liée à leur facilité de distribution via les réseaux sociaux et les plateformes de partage de vidéos.

Le défi reste donc de taille pour les gouvernements et les entreprises technologiques. Ensemble, ils doivent arriver à élaborer des mécanismes efficaces de modération de contenu permettant de détecter et d’éliminer les deepfakes avant qu’ils n’atteignent leur public visé.

Cette nouvelle loi britannique marque un premier pas vers une prise de conscience de l’ampleur du phénomène des deepfakes sexuels. Il reste maintenant à espérer que d’autres pays emboîteront le pas pour assurer une meilleure protection des individus face à ces attaques intimes et déstabilisantes. Lutter contre cette nouvelle forme d’exploitation nécessitera des efforts concertés au niveau global, tant au niveau juridique que technologique.

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Eva, journaliste avec 15 ans d’expérience dans des médias prestigieux comme Masa Journey et Upsider, est diplômée de l’Université de Tel Aviv et de la Sorbonne. Elle décrypte les innovations technologiques et les tendances geek avec une expertise pointue, offrant des analyses captivantes et accessibles. Contact : [email protected].

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