Slack exploite les données de ses utilisateurs, messages et fichiers, pour développer ses outils d’intelligence artificielle. Une décision qui fâche les utilisateurs, automatiquement inscrits.

Un succès devenu problématique

Slack s’est imposé comme un outil incontournable dans les entreprises et pour les télétravailleurs, surtout avec l’essor du travail à distance initié par la pandémie de COVID-19. Comparé à Discord ou Microsoft Teams, Slack est devenu l’une des plateformes collaboratives les plus en vogue, offrant de nombreuses fonctionnalités pour faciliter la communication et la gestion de projets.

Avec sa refonte en août 2023, Slack a introduit de nouvelles fonctionnalités et améliorations, rendant l’expérience utilisateur encore plus agréable. Cependant, sans avertissement préalable, Slack a également commencé à utiliser les conversations et fichiers partagés par ses utilisateurs pour entraîner ses propres algorithmes d’intelligence artificielle (IA). Une démarche qui soulève des questions majeures concernant la confidentialité et le consentement des utilisateurs.

Le consentement, une omission flagrante

Par défaut, tout contenu échangé sur Slack, qu’il s’agisse de messages, de fichiers ou de données, alimente les modèles de machine learning de la société. Ces informations enrichissent les suggestions de chaînes, les résultats de recherche et les fonctionnalités de complétion automatique. Ce choix, imposé par défaut, est fortement critiqué. Les utilisateurs n’ont pas été consultés, ni informés, sur cette utilisation de leurs données à des fins de développement d’outils IA.

La polémique a été exacerbée sur la plateforme X.com, où des utilisateurs ont exprimé leur désarroi et leur colère. Un utilisateur a découvert cette utilisation involontaire de ses données et s’en est plaint publiquement. La réponse de Slack, en citant sa politique de confidentialité, a confirmé ces pratiques, justifiant l’absence d’un consentement explicite par le fait que seules les fonctionnalités IA gratuites étaient concernées.

Pour arrêter l’utilisation de leurs données, les utilisateurs doivent passer par les administrateurs des espaces de travail Slack. Cette demande se fait uniquement par e-mail, mettant en lumière l’absence d’une option simple et directe pour les utilisateurs individuels. Cela a été qualifié de « gâchis en matière de confidentialité » par plusieurs experts en droit.

Un phénomène global dans le secteur technologique

Cette exploitation des données utilisateurs pour entraîner des IA n’est pas propre à Slack. Squarespace, par exemple, utilise également les contenus publiés sur ses sites à des fins similaires, sous réserve d’une opposition explicite. WordPress, depuis février 2024, vend certaines données créées par ses utilisateurs à des laboratoires d’IA.

Reddit, de son côté, a signé un partenariat avec OpenAI pour permettre à cette dernière d’exploiter les conversations de sa plateforme. Cet accord, qui suit un précédent engagement avec Google pour un montant de 60 millions d’euros, permet à ces géants de la technologie d’améliorer leurs modèles IA grâce aux données des utilisateurs de Reddit.

Ces démarches sont financièrement fructueuses pour les entreprises à court terme, mais elles érodent la confidentialité et le consentement des utilisateurs. Selon l’article 6 du RGPD, le traitement des données personnelles doit être légitimé par le consentement ou la nécessité, ce qui ne semble pas toujours être respecté par ces pratiques.

Les implications à long terme pour les utilisateurs et les entreprises

La question du consentement explicite restera au cœur des débats. L’absence de transparence et le manque de choix pour les utilisateurs pourraient bien ternir l’image des entreprises impliquées. Les utilisateurs doivent se montrer vigilants quant à l’utilisation de leurs données et exiger plus de contrôle et de clarté sur la manière dont celles-ci sont employées.

Pour les entreprises, le respect du RGPD et des principes éthiques en matière de données personnelles pourrait devenir un avantage compétitif, renforçant la confiance des utilisateurs. Les autorités de protection des données, quant à elles, devront intensifier leur surveillance pour garantir que ces pratiques ne s’écartent pas trop des cadres légaux et éthiques en vigueur.

Face à ces défis, comment les utilisateurs et les entreprises peuvent-ils naviguer dans ce paysage numérique en constante évolution et veiller à ce que leurs droits et intérêts soient protégés ?

Partagez maintenant.

Jessica, journaliste expérimentée avec dix ans en gestion de projet et production de contenu, est diplômée de Sciences Po en Communication et Médias. Elle apporte une expertise stratégique et un regard éclairé sur l'actualité tech, enrichissant chaque sujet avec une écriture précise et captivante. Contact : [email protected].

Publiez votre avis