L’année 2015 va durer une seconde de plus

Le 30 juin prochain comptera une seconde de plus que n’importe quel autre jour de l’année. Une seconde intercalaire (ou un « saut de seconde ») doit être ajoutée en 2015 pour s’assurer que le temps des horloges atomiques reste synchronisé avec le temps de rotation de la Terre, mais certaines sociétés sur Internet redoutent cette journée.

La rotation de la Terre ralentit d’environ deux millièmes de seconde chaque jour. Cependant, les horloges atomiques, qui sont maintenant exactes au quadrillionième de seconde près, ne changent pas de rythme. Bien que cette situation ne soit pas un problème immédiat, cela finirait par mettre les horloges tellement hors synchronisation avec la rotation de la Terre, qu’elles pourraient lire midi en pleine nuit.

« La Terre ralentit par rapport aux temps géologiques, et cela peut conduire à un problème quand vous avez un nombre incalculable d’horloges, » indique Demetrios Matsakis, scientifique en chef au service du temps à l’Observatoire naval des États-Unis. « Que faites-vous quand le jour s’allonge ? »

Des problèmes rencontrés pour les grandes entreprises de l’Internet

La solution qu’a trouvé le Service international de la rotation terrestre et des systèmes de référence (IERS) de Paris est d’ajouter une seconde intercalaire aux horloges pour garder le temps atomique en phase avec celui de la Terre. Cette année, la seconde supplémentaire est prévue d’être ajoutée à la mi-année, à 23:59:59, du Temps universel coordonné (UTC), le 30 Juin.

Ce sera le 26ème saut de seconde ajouté à une année civile depuis que cette pratique a commencé en 1972. Dans le passé, la seconde intercalaire a mis le désordre dans les systèmes informatiques. La dernière seconde intercalaire a été ajoutée en 2012, et a causé des problèmes pour les grandes entreprises du Web comme Reddit, LinkedIn, Gizmodo, Mozilla, Yelp ou encore Foursquare.

Le problème est que lors de ce saut de seconde, l’horloge de l’ordinateur montre 60 secondes au lieu de simplement passer à la minute suivante, ou montre la 59ème seconde deux fois. « L’ordinateur aperçoit une seconde intercalaire aller en arrière, » explique Matsakis. La machine enregistre cela comme une erreur de système, et le processeur peut surcharger. De nombreux systèmes informatiques utilisent le Network Time Protocol (NTP), le Protocol de temps du réseau, afin d’être synchronisés avec les horloges atomiques dans le monde. Cependant, la plupart ne sont pas programmés pour faire face à l’ajout inattendu d’une seconde de plus.

Google, pour contourner le problème, va ajouter une milliseconde à ses serveurs de temps à autre tout au long de l’année. Cette technique nommée « Leap smear » permet de ralentir le temps sans que les serveurs ne s’en aperçoivent. « Un autre bon moyen pour éviter tout problème est de simplement arrêter le système informatique pour une heure ou deux autour de la seconde intercalaire », conseille Matsakis.

Mais beaucoup de programmeurs oublient de sauter la seconde, et cela peut aussi causer des problèmes. Les secondes supplémentaires se produisent si rarement et si irrégulièrement que cela rend difficile la tâche aux entreprises informatiques de saisir le problème. Alors que les gros sites et compagnies du Web ont probablement retenu la leçon d’il y a trois ans, d’autres sites qui n’ont pas vécu ce problème et sont probablement encore « parfaitement inconscients », rappelle Matsakis.

Des dangers bien plus graves

Mais la seconde intercalaire pourrait mettre bien plus que des systèmes informatiques en péril. « C’est un petit excès de prudence, » admet Matsakis, « mais je ne voudrais pas être à bord d’un avion lors d’une seconde intercalaire. Les secondes supplémentaires sont connues pour interrompre les récepteurs GPS, qui pourrait être un problème pour les pilotes d’avion. »

Le saut de seconde est une correction plus subtile qu’une année bissextile. La règle de l’année bissextile (ajouter un jour supplémentaire tous les quatre ans en février) maintient le calendrier grégorien très proche de la valeur astronomique réelle de l’écoulement du temps. Il le fait en corrigeant les 365,2422 jours qu’il faut à la Terre pour voyager autour du soleil, comparativement aux 365 jours que les humains ont établi en arrondissant ce nombre.

Mais la rotation de la Terre n’est pas parfaite, et il existe des irrégularités. Toutes les quelques années, certains ajustements sont nécessaires, et un seconde intercalaire est ajoutée en juin ou décembre. C’est pourquoi le 30 juin prochain comptera 86401 secondes au lieu de 86 400.

Source : Livescience. Photo principale : Wikimedia – CharlesDelorme

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Jessica, journaliste expérimentée avec dix ans en gestion de projet et production de contenu, est diplômée de Sciences Po en Communication et Médias. Elle apporte une expertise stratégique et un regard éclairé sur l'actualité tech, enrichissant chaque sujet avec une écriture précise et captivante. Contact : [email protected].

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