La dépendance aux jeux vidéo est désormais prise en compte en France
Depuis quelques années maintenant, l’univers du jeu vidéo fait l’objet d’un nombre croissant d’études et de nombreuses critiques. Si certaines de ces dernières sont parfois fondées, d’autres bien plus arbitraires ont parfois provoqué de vives polémiques dans la communauté des gamers.
Mais si une question doit bien être traitée, c’est celle de la dépendance à l’univers vidéoludique. Et c’est ce que rappelle le Conseil économique, social et environnemental (CESE) dans un avis publié le mercredi 24 juin, qui intègre désormais à son analyse l’addiction à plusieurs pratiques, dont les jeux vidéo.
Les jeux vidéo, une addiction comme les autres
Le rapport du CESE est clair : inspiré des chiffres d’une précédente étude de l’OFDT (Observatoire français des drogues et de la toxicomanie), près de 5% des adolescents français seraient addicts aux jeux vidéo, une dépendance qui touche également entre 1 et 2% de l’ensemble de la population. Un ensemble de chiffres qui se combine à celui des visites médicales liées aux addictions, « les jeux vidéo étant le deuxième motifs de consultation en addictologie chez les jeunes […], à égalité avec l’alcool » d’après Gisèle Ballaloud, membre de la CESE.
Considérer les jeux vidéo comme un produit auquel on peut être dépendant n’est pas un choix arbitraire du CESE. En plus des substances provoquant une dépendance comme l’alcool ou la cigarette, les comportements addictifs vis-à-vis de certaines activités comme les jeux d’argent ou les jeux vidéo doivent désormais être pris en compte, car ayant des mécanismes assez proches par rapport aux addictions habituelles. C’est un gamer qui vous le dit : ce n’est pas trop tôt !
Parmi les jeux qui sont mis en avant, il n’y a aucune surprise : ce sont surtout les jeux en ligne, tels que les MMORPG ou bien les jeux présents sur les réseaux sociaux, qui sont sur les bancs des accusés. Proposant un univers ouvert et interactif, une communauté de joueurs avec laquelle on coopère et la possibilité finalement de se construire une vie « alternative », ces jeux peuvent être de véritables mondes virtuels, capable de captiver pendant des mois, voire des années certains joueurs.
Un problème de chiffres et de méthode
Malgré l’avis rendu par le CESE concernant les jeux vidéo (et les autres addictions), ces chiffres ne sont cependant pas totalement fiables : il n’existe actuellement aucun consensus sur les critères à retenir pour déterminer avec précision quels sont les joueurs que l’on peut considérer comme dépendants ou non. De plus, certains critères peuvent même être ambivalents, ne facilitant pas la détection d’une éventuelle dépendance.
Par exemple, l’addiction aux jeux vidéo se traduit souvent par beaucoup d’heures de jeu par semaine. Cependant, cela ne suffit pas pour affirmer que le joueur serait dépendant, car si un joueur peut passer de nombreuses heures sur un jeu durant plusieurs jours de suite, il peut également cesser de jouer durant les prochaines semaines et alors reprendre un rythme de vie normal.
Dès lors, ce moment intense mais relativement court de gaming peut-il être considéré comme une forme addiction ? Difficile à dire, car certains peuvent l’interpréter soit comme un phénomène similaire à celui d’un sevrage, soit comme la preuve d’une volonté d’interrompre le jeu librement.
Cette absence de consensus sur les critères à retenir laisse donc place au doute sur la réelle valeur de ces chiffres. Et pour cause, l’OMS ne reconnaît pas actuellement l’addiction aux jeux vidéo, faute de méthode suffisamment claire et fiable pour la mesurer. S’il est évident qu’il existe des accros de la souris ou de la manette, il est difficile pour le moment de mesurer avec une plus grande précision le nombre de joueurs addicts et donc de peser à sa juste valeur les conséquences de cette addiction sur la société.
Mais peu importe : le CESE reconnaît l’existence de cette addiction et c’est le plus important. Car même si les jeux vidéo sont un excellent divertissement, il existe malgré cela des personnes qui sont dépendantes, ce qui demande une nécessaire attention de la part des professionnels de la santé sur ce phénomène.
Source : CESE, IFAC, Science et Avenir