The Revenant, ce qui ne vous tue pas…
Hier j’ai vu The Revenant, le film de Noël version Alejandro Iñarritu, une histoire de vengeance brutale sur fond d’ambiance western sauvage. La compétition était pourtant rude pour sortir du lot en cette fin d’année 2015, où chaque film devait jouer des coudes pour se frayer un chemin entre Star Wars et autre The Hateful Eight; et maintenant que nous nous sommes rendu compte que le premier n’est qu’un film et que le deuxième est passable, The Revenant donne enfin une bonne opportunité d’aller squatter les salles obscures. Une légère préparation mentale et physique est néanmoins nécessaire afin de supporter la souffrance et la rage endurées par Leonardo DiCaprio, qui, devrait enfin récolter un Oscar avec cette nouvelle prestation majuscule: évitez de passer une journée trop stressante avant de le voir et si vous sentez l’envie de vous allonger pour vous reposer, pas d’inquiétude, c’est le second effet Iñarritu.
Voyage en terre inconnue
L’argument revient souvent, dans la majorité des cas il est usurpé, mais The Revenant est beaucoup plus qu’un simple film, c’est une expérience à part entière: l’expérience de la souffrance, de la douleur, de cette colère brute et cristalline qui remplit le cœur d’un homme à qui l’on a presque tout pris, y compris la vie. Dans l’absolu, vous allez regarder The Revenant comme n’importe quel autre film, confortablement assis(e), la main légèrement luisante à force d’être plongé de manière répétitive dans du pop-corn, mais plus les minutes s’égrènent et plus la sensation de prendre part à une expérience de vie se fait présente. Désormais vous êtes seul, en compagnie d’un trappeur/pionnier, un de ses Américains du début du XVIIIème siècle, prêt à braver l’inconnu pour se faire un nom; aux côtés de Hugh Glass (Leonardo DiCaprio), vous ferez l’expérience de devenir un homme, ou du moins la définition de l’homme telle qu’on pouvait l’imaginer à cette époque.
Combattre un ours fait maintenant partie du quotidien, comme participer à la vie des Natifs Américains, franchir des étapes pour devenir plus fort. L’histoire de The Revenant est relativement « basique » mais comme toujours dans ce cas de figure, extrêmement jouissante: basé sur une histoire vraie, le film suit ce pionnier lambda, laissé pour mort par son ami John Fitzgerald (Tom Hardy, également irréprochable, l’acteur est apparemment né pour être un « Méchant »), après une lutte grandiose contre un ours. Leonardo gagne ce premier combat, même s’il termine dans un état pitoyable, une victoire qui le place dès le départ sur le chemin pour devenir un meilleur homme.
L’homme vs la nature vs sa nature
The Revenant est avant tout l’histoire de ce voyage, où comment la torture morale et physique infligée à un homme peut le pousser à se surpasser, comment le sentiment de vengeance peut redonner vie à un être qui refuse la mort. Si bien que le film peut se résumer à la performance incroyable de Leonardo DiCaprio. La carrière de l’acteur est presque irréprochable, un nombre incalculable de grands films, un nom qui permet à lui seul de vendre un film et surtout un talent hors-norme qui devrait enfin le voir récompenser par un Oscar. À chaque scène, pendant chaque épreuve que la vie lui envoie, Leonardo DiCaprio est complètement possédé par le rôle, un visage marqué et marquant qui transpire la souffrance infligée.
Et que dire de la réalisation ? Si vous ne connaissez pas encore Alejandro Gonzalez Iñarritu, le choc risque d’être double: non seulement vous serez immédiatement propulsé dans le temps, dans un endroit austère et inconnu, mais la puissance des images et des couleurs vous fera rapidement perdre tout repère. Le ciel de The Revenant n’a aucune limite, l’horizon n’existe pas, si bien que le spectateur n’a d’autre choix que de participer à la survie, d’emprunter les pas enneigés de Leonardo DiCaprio pour à votre tour devenir un meilleur Homme.
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