Le nouvel album de kanye west, « the life of pablo », est enfin disponible !
Depuis quelques jours, la planète rap tremble, perplexe et excitée par le nouvel album de son plus médiatique représentant, l’inénarrable Kanye West. Car soyons francs d’entrée de jeu, il est le seul rappeur à l’heure actuelle à pouvoir sortir un album si confus, tout en émoustillant l’ensemble des acteurs de l’industrie musicale: The Life of Pablo n’est sans doute pas le brillant successeur que nous étions en droit d’espérer après Yeezus, mais il a le mérite d’exister, nouvelle offrande mégalo d’un homme qui refuse de voir sa créativité comparée à d’autres, voire comparable tout court.
Quand éclectisme rime avec confusion
Nous pensions que Kanye West brouillait les pistes au sujet de Life of Pablo, changeant le titre de l’album au gré de ses humeurs, et arguant des remises en cause artistiques lorsque les journalistes évoquaient avec lui la ligne directrice du nouvel opus. En fait, il témoignait de son état d’esprit actuel et de l’ambiance du disque: un album multiple comme les sentiments qui s’opposent, comme le nombre d’artistes présents sur les 18 pistes, mais aussi comme les possibilités offertes par ce Pablo.
De qui parle-t-il ? Est-ce une énième référence à la tête pensante du Cartel de Medellín ? Est-ce une allusion au génie pictural de Picasso ? Kanye West se prendrait-il maintenant pour un poète au point de se comparer au grand Neruda ? Ou tout simplement l’insertion d’un peu de religiosité dans ce monde brut avec cette référence à Saint Paul ? Tout au fond de lui, Kanye le sait, il est un peu des quatre.
Quand il redevient homme, kanye west cesse de briller
Avec ce septième album, Kanye West dévoile pour la première fois un « simple » album, délaissant les métaphores sans fin pour offrir une introspection claire et sans ambiguïté sur ce qu’il est: un homme marié avec ses pulsions et ses regrets (FML, Famous), un père de famille (Father Strech My Hands, Wolves), un artiste qui cherche avant tout à laisser une trace dans l’univers musical (Waves car les « vagues ne meurent jamais », I Love Kanye), une trace que seuls ses albums peuvent contribuer à laisser.
Musicalement parlant, Kanye West est plus hybride que jamais, un talent multi facette qui rend à la musique ce qu’elle lui a donné, un champ des possibles sans limite. Il lorgne par moment vers un rap futuriste comme sur ce Feedback où il cherche clairement à s’éloigner d’un rap « traditionnel », tandis que l’ouverture Ultra Light Beam peut définir à elle seule l’album: un son vintage, un gospel enchanteur qui place le mystique au centre des préoccupations.
Kanye West a voulu créer avec Life of Pablo, son album ultime, l’héritage intemporel d’un artiste qui se voit sûrement plus beau qu’il ne l’est (« Nous sommes les nouveaux Jackson », clame-t-il sur Highlights), mais au final il nous donne à écouter un album à l’image de sa gestation, chaotique et marketée. Nul doute que la pluie de critiques négatives le nourrira à bon escient pour le successeur de Pablo.