Une machine pourra-t-elle à l’avenir ressentir des émotions ou discuter naturellement ?
Nous vous parlions récemment des limites de la robotique et notamment d’un de ses aspects qu’est l’intelligence artificielle. Mais elle ne se limite pas à la robotique pour autant: elle fait désormais partie du quotidien. On la rencontre partout: Cortana, Siri, les GPS, les jeux vidéo, etc. Tous font appel à une I.A qui facilite notre vie ou nous divertit.
Mais jusqu’où peut aller l’intelligence artificielle ? Peut-on concevoir un jour une intelligence capable d’accomplir une multitude de tâches différentes comme l’Homme ? Pourra-t-elle ressentir des émotions ou parler normalement ? C’est ce qu’on va essayer de clarifier.
Le multitâche reste encore difficile à développer
La première question qu’on peut se poser concernant l’intelligence artificielle, c’est notamment ses capacités à assumer plusieurs tâches différentes. Peut-on imaginer qu’un programme soit par exemple capable de battre un joueur de Go, reproduire une œuvre d’art et jouer au poker ? La réponse est pour l’instant non. Pourquoi ?
Crédit photo: Pixabay – Geralt
Le problème se situe au niveau du matériel. Pour résumer trivialement la chose, une intelligence artificielle ne peut fonctionner sans un processeur disposant d’assez de puissance de calcul pour exécuter une tâche. D’où le fait que lorsque vous installez sur votre ordinateur un logiciel, ce dernier nécessite une puissance minimum requise. Si la technologie des processeurs ne cesse d’avancer à grand pas depuis quelques années, elle a toutefois des limites, notamment par l’usage des matériaux qui ont des limites physiques.
Il existe cependant une possibilité de surmonter cet obstacle: les ordinateurs quantiques. Alors qu’un processeur standard basé sur des transistors travaille sur des données codées en bits valant 0 ou 1, l’ordinateur quantique travaille en bits quantiques (ou « qubits »), qui sont à la fois 0 et 1. Grâce à ce type d’ordinateur, les tâches simultanées et très complexes deviennent non seulement possibles, mais elles pourraient être bien plus rapides qu’avec un ordinateur normal.
Il faut cependant garder à l’esprit qu’un tel type d’ordinateur demande d’énormes moyens et qu’il n’existe pour l’instant que très peu d’ordinateurs dotés de telles capacités de calcul. Il est par ailleurs évident que ces machines auront une utilité très différente et seront destinées à des missions beaucoup plus ambitieuses comme la recherche en physique fondamentale ou l’aérospatial.
L’assistant virtuel Siri
Ressentir des émotions restera un monopole humain
Voilà une question qui a torturé l’esprit de plus d’un auteur de livre de science-fiction. Les machines pourraient-elle ressentir un jour la peur ou la joie ? Et là, on se heurte non seulement à une question technique, mais aussi philosophique.
Le problème pour un ordinateur concernant les émotions est qu’il faudrait lui attribuer une conscience à ce dernier pour qu’il puisse comprendre ce qu’elles impliquent. Et là, plus gros problème encore, on ne sait pas vraiment quels sont les fondements de la conscience. Il est donc totalement impossible en l’état de la reproduire, puisqu’elle demeure encore un mystère pour l’Homme.
Dans le meilleur des cas, il sera possible de créer de fausses émotions, les signes comme la colère ou la joie n’étant en rien l’expression d’un sentiment mais de simples réponses à un signal envoyé par l’utilisateur. Ainsi, l’intelligence artificielle se contentera d’apporter une réponse toute faite à une situation. Exemple: votre visage laisse transparaître la tristesse, l’ordinateur répondra alors par une attitude faussement empathique et apportera une réponse de circonstance.
Mais le procédé rencontrera vite ses limites et n’apportera jamais ce qu’offrent les sentiments d’une autre personne. Et il n’est en réalité nullement souhaitable de voir un robot doté d’une intelligence artificielle être capable de reproduire de façon très réaliste les émotions, au risque de créer une situation très dérangeante pour celui qui en ferait l’expérience.
Il existe par ailleurs un questionnement éthique important: une intelligence artificielle reproduisant les émotions pourrait en induire chez l’Homme et donc influencer le comportement humain. Une situation qui laisse craindre des dérives inquiétantes, à commencer par l’usage commercial d’un tel procédé.
Crédit photo: Terminator Pictures/Columbia Pictures
Pour discuter, il faut comprendre de quoi on parle
Est-ce qu’une intelligence artificielle sera capable de parler naturellement un jour ? Cette question soulève en réalité trois contraintes particulières: l’apprentissage, une connaissance poussée du langage et une capacité de raisonnement.
Pour qu’un ordinateur soit capable de s’exprimer dans un langage fluide et adapté au propos d’un interlocuteur humain, il est d’abord indispensable que la machine puisse disposer d’une capacité d’apprentissage. L’expérience avec Tay demeure intéressante: même si la machine est devenue malgré elle raciste ou misogyne, elle a prouvé que la capacité d’apprendre est déjà une réalité, avec cependant pas mal de ratés. Grâce à cette faculté, la machine sera capable alors d’assimiler différentes façons de s’exprimer. Elle devient donc capable, à minima, de comprendre un minimum ce qu’exprime son interlocuteur.
Mais cette fonctionnalité ne sera utile à 100% que si l’intelligence artificielle dispose d’une capacité de raisonnement. C’est là que le défi commence. Pour qu’il y ait un raisonnement, il faut conférer à l’intelligence artificielle la capacité de vivre une expérience concrète, afin de mettre une expérience vécue sur les mots. Et pour cela, la machine doit disposer de différents sens, indispensables pour vivre une expérience. Si la machine connaît le mot « table », elle ignore cependant ce qu’est une table et à quoi elle peut servir si elle n’a pas eu l’occasion de la voir, la toucher, etc.
Cette limite peut cependant être surmontée selon certains spécialistes, notamment grâce à la robotique. Des caméras, micros et capteurs permettraient notamment de créer une expérience sensorielle pour le robot, induisant ensuite grâce à un réseau de neurones artificiels une capacité de raisonner suite à cette expérience. Conséquence, le robot pourrait non seulement comprendre ce que signifie réellement un mot, mais également s’approprier un langage et exprimer une pensée.
Il faut rester cependant réaliste. Si le procédé commence déjà à naître et à apporter des résultats encourageants, il reste encore un long chemin avant d’aboutir à un résultat exploitable au quotidien pour le grand public.
Crédit photo principale : Wikimedia – Juxi
Ça vous a plu ? 4.6/5 (20)