A l’issue d’une opération frauduleuse de près d’une décennie, Onur Aksoy, l’homme derrière la commercialisation massive d’équipements réseaux Cisco contrefaits, a été condamné à une lourde peine financière et carcérale. L’affaire met en évidence la vulnérabilité des systèmes technologiques, même de la plus grande puissance militaire mondiale, face aux appareils contrefaits.

Le déroulement de l’arnaque

Pendant près d’une décennie, Onur Aksoy s’est adonné à une arnaque de grande envergure en trompant des dizaines de sociétés, et plus particulièrement l’armée américaine, avec des équipements réseaux Cisco contrefaits. Le préjudice estimé dépasse le milliard de dollars, un défi majeur pour l’économie américaine, mis à mal par le stratagème de cet homme.

Le modus operandi d’Aksoy, aussi connu sous les pseudonymes de « Ron Aksoy » et « Dave Durden », a été qualifié par le procureur du district américain du New Jersey, Vikas Khanna, comme l’une des « plus grandes opérations de trafic de contrefaçon jamais réalisées ».

Les conséquences frappantes de l’utilisation de produits contrefaits

Bryan Denny, à la tête du bureau de l’inspecteur général du ministère américain de la Défense (DoD), a éclairé la manière dont Aksoy avait réussi à vendre ses produits contrefaits à l’US Army. Selon lui, ces derniers « ont été trouvés sur de nombreuses bases militaires et dans divers systèmes ». Le fait que ces contrefaçons aient été utilisées dans le cadre d’opérations ultra-confidentielles du gouvernement et de l’armée américaine fait courir un grand frisson dans le dos.

Parmi les systèmes directement affectés par cette fraude, on compte les systèmes essentiels au fonctionnement des appareils de combat de premier plan tels que les avions F-15, F-18 et F-22, l’hélicoptère de combat AH-64 Apache, l’avion de surveillance maritime P-8, ainsi que le bombardier stratégique B-52 Stratofortress. Des établissements sensibles tels que des écoles et des hôpitaux ont également été touchés.

Les plateformes de vente en ligne, vecteurs de fraude

Pour mettre en œuvre cette vaste escroquerie, Aksoy n’a pas hésité à utiliser des plateformes de vente en ligne populaires telles qu’Amazon et eBay. En créant une multitude de points de vente en ligne, dont environ 15 sur Amazon et 10 sur eBay, il a ainsi pu vendre des dizaines de milliers d’équipements contrefaits, faisant ainsi prospérer ce que l’on désigne sous le nom de « marché gris » de l’informatique, un marché parallèle où de produits légaux sont vendus via des canaux non autorisés par le fabricant original.

Réussissant l’illusion parfaite, les produits contrefaits, arrivant majoritairement de Chine et de Hong Kong, étaient livrés avec des emballages, des étiquettes et des documents Cisco falsifiés. Si ces produits avaient été véritables, leur valeur marchande aurait dépassé le milliard de dollars.

La condamnation d’Aksoy, un coup d’arrêt à la contrefaçon

Malgré ses efforts pour donner une impression d’authenticité, Aksoy a été arrêté en 2022 et son verdict a été rendu le 1er mai 2024. Outre une peine de 78 mois de prison, il a été condamné à restituer 100 millions de dollars à Cisco, à payer une amende de 40 000 dollars et à se soumettre à une période de liberté surveillée de trois ans.

Au-delà des pertes financières colossales, cette affaire met en lumière la vulnérabilité potentielle de l’infrastructure technologique mondiale face aux appareils contrefaits. Au-delà du risque financier, quelles autres conséquences ces fraudes pourraient-elles avoir sur la sûreté et la sécurité mondiales ?

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Jessica, journaliste expérimentée avec dix ans en gestion de projet et production de contenu, est diplômée de Sciences Po en Communication et Médias. Elle apporte une expertise stratégique et un regard éclairé sur l'actualité tech, enrichissant chaque sujet avec une écriture précise et captivante. Contact : [email protected].

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