Plus d’un siècle après, Jack l’Éventreur a-t’il pu être trahi par son ADN ?
Jusqu’à il y a un an, il restait l’un des plus grands mystères de meurtre non-élucidé de tous les temps. Mais qui était Jack l’Éventreur ? Quelle était l’identité de ce serial killer ? 126 ans après, la génétique donne enfin son nom.
L’affaire fait de nouveau surface, après que le châle qui eut servi de preuve à un enquêteur pour révéler l’identité du « Tablier de cuir » soit mis en vente aux enchères pour 4 millions d’euros.
Qui était l’Assassin de Whitechapel ?
Nous sommes à Whitechapel, au cours de l’automne 1888. Ce quartier de l’East End londonien est alors le théâtre de la plus mystérieuse affaire de tueur en série de tous les temps. En seulement deux mois, cinq prostituées sont assassinées et éventrées. À l’époque de nombreux noms ressortent de la liste des suspects, y compris le prince Albert Victor de Clarence, le petit-fils de la reine Victoria ou encore Lewis Carroll, l’auteur d’Alice au pays des merveilles, mais surtout celui d’un juif polonais, un barbier, Aaron Kosminski. L’immigrant polonais, qui avait fui vers Londres avec sa famille au début des années 1880 pour échapper aux persécutions, était parmi les six premiers suspects accusés d’avoir assassiné les prostituées et de semer la terreur dans ce quartier de la capitale anglaise.
Kosminski avait 23 ans à l’époque des meurtres et vivait non loin de l’endroit où l’une des victimes a été retrouvée. Kosminski avait plus tard été interné dans un asile psychiatrique pour avoir attaqué sa sœur au couteau et mourut à 53 ans en 1919.
Des notes de police de l’époque le nommait comme un suspect, mais les documents historiques montrent qu’il n’y a jamais eu assez de preuves pour l’inculper. Robert Anderson, l’ancien chef du Bureau d’investigation criminelle, avait regretté ne pas avoir « les mêmes pouvoirs que la police française » qui était au moment des faits à la pointe du progrès en matière d’investigations scientifiques.
Jack l’Éventreur attaque une femme – Crédit photo: Wikimedia – Polize Gazette
Mais en 2014, le site Daily Mail avait révélé l’identité du tueur en série. Un châle ensanglanté porté par l’une de ses victimes, et identifié comme appartenant au tueur, avait été acquis par Russell Edwards, un riche Britannique passionné par l’affaire, après avoir entendu dire qu’il avait été récupéré par un agent de police sur le corps mutilé de Catherine Eddowes, sa quatrième victime en septembre 1888, et qu’il était resté depuis dans la famille du policier.
L’homme d’affaires avait payé une somme inconnue pour s’accaparer le vêtement de soie en 2007 après être devenu obsédé par la découverte de la véritable identité de Jack l’Éventreur.
Pendant 7 ans, il a tenté d’effectuer des tests ADN. Il a demandé l’aide de l’expert génétique, le Dr. Jari Louhelainen de l’Université de Liverpool, qui a été en mesure d’extraire l’ADN du châle.
En utilisant les dernières analyses médico-légales, il a trouvé des résidus de sperme sur le châle et a pu le faire correspondre à l’ADN d’un parent vivant de Kosminski qu’Edwards avait recherché. Ce parent a joué le jeu en acceptant de faire concorder les deux ADN pour la comparaison.
Le châle revendu aux enchères pour 4 millions d’euros
Tout récemment, le Daily Mail a annoncé que le châle était en vente aux enchères aux Etats-Unis pour une stupéfiante somme de 4,5 millions de $ (4 millions d’euros). L’élément précieux ayant servi à prouver l’identité de Jack l’Éventreur l’an dernier va donc changer de propriétaire.
Crédit photo: momentsintime.com
L’affaire reste non-élucidée
Edwards, qui se décrit comme un détective amateur avait publié un livre, Naming Jack The Ripper, avec ses conclusions. En octobre 2014, un mois après la publication des révélations d’Edwards, The Independent avait toutefois contredit cette thèse, se basant sur l’appréciation de quatre experts et d’une analyse du site australien casebook.org, en pointant les défaillances de l’analyse menée par le Dr. Jari Louhelainen.
Le quotidien Britannique avait pointé du doigt le fait que l’analyste avait confondu des chiffres lors de l’utilisation d’une base de données d’ADN. « La mutation en question aurait dû être ‘315.1C’ et non ‘314.1C' », explique le journal. Cette erreur de nomenclature « prouverait que ses calculs sont faux et que n’importe qui aurait pu laisser cet ADN » sur le châle de la victime.
Ainsi, le doute reste entier. Toujours est-il que si le châle est vendu, Edwards aura fait une bonne affaire, tout en ravivant l’enquête la plus mystérieuse du Royaume Uni plus d’un siècle après.
Crédit photo principale : Scène du film From Hell (2001), avec Johnny Depp dans le rôle de Jack L’Eventreur