L’histoire de six décennies d’études de Mars, la Planète Rouge
Depuis des millénaires, l’Homme scrute le ciel pour tenter de voir et de comprendre ces petits points lumineux qui éclairent les cieux nocturnes. Au fil de temps, nous avons fini par comprendre ce qui se trouve dans le voisinage de notre planète et au-delà. Au point qu’aujourd’hui nous pouvons désormais voir des objets si éloignés que l’image que nous avons d’elle est vieille de plusieurs milliards d’années.
Mais surtout, ce qui fascine l’Homme depuis plusieurs millénaires, c’est cette planète voisine qu’est Mars. Nous savons qu’elle s’est formée en même temps que la Terre tout en étant très différente: sa surface est froide et désertique et son atmosphère est quasi-inexistante. Pourquoi de telles différences ? C’est ce que l’Homme cherche à savoir depuis des décennies. Faisons un bref retour sur l’histoire récente de notre curiosité pour Mars.
Des premiers programmes soviétiques aux succès de la NASA
La conquête spatiale devint dès les années 50 un symbole de puissance pour les USA et l’URSS. Dans cette course, la Lune était l’un des premiers objectifs les plus convoités par les Soviétiques et les Américains. Mais Mars n’était pas délaissée pour autant. Dès les années 1960, les Soviétiques lancèrent les premiers programmes d’exploration de la Planète Rouge à l’aide de sondes. Tous furent un échec: le programme spatial soviétique tenta sa chance par six fois en quatre ans d’envoyer une sonde sur Mars, en vain.
Dans le même temps, les Américains avaient développé le programme Mariner, destiné initialement à observer une autre planète voisine, Vénus. Son observation permit aux scientifiques américains de bénéficier de précieuses informations pour l’envoi d’une éventuelle sonde vers Mars. C’est alors qu’en 1964, la sonde Mariner 4 est lancée. La mission est un succès: la sonde parvint à atteindre Mars et 22 photographies furent prises ainsi que des mesures de température et de pression. Les résultats restent néanmoins décevants: les images ne montrent qu’une surface rocheuse désertique parsemée de cratères très anciens.
À partir des années 70, une nouvelle sonde nommée Mariner 9, beaucoup plus aboutie technologiquement, est lancée avec succès. Elle deviendra le premier satellite artificiel d’une autre planète que la Terre. Grâce à elle, les mesures et les photographies sont plus précises et régulières, offrant une autre image de la planète qu’un simple caillou désertique. Grâce à elle, le désintérêt pour cette planète depuis Mariner 4 fut finalement temporaire et relance la curiosité des astronomes. C’est alors qu’en 1975, le programme Viking prévoit d’envoyer des engins le sol martien. Les deux missions prévues furent des succès spectaculaires: elles permirent de démontrer l’existence passée d’eau sur la surface de la planète.
Malgré ce succès notable, pendant deux décennies, les missions vers Mars furent interrompues et il fallut attendre les années 90 pour relancer l’exploration martienne.
Les premiers robots explorateurs et l’hypothèse d’un voyage habité vers Mars
Si autant de temps s’est écoulé sans nouvelle mission depuis le programme Viking, c’est tout simplement à cause de l’exploit de ce dernier. Victime de ses performances, les données collectées par les sondes du programme ont demandé un temps considérable d’étude. C’est à partir donc des années 90 que l’exploration de Mars est relancée. Mais cette fois-ci, il n’est plus simplement question d’envoyer des atterrisseurs ou des satellites: il faut envoyer des engins mobiles, capables de se déplacer sur la Planète Rouge.
Suite à l’échec de Mars Observer, première tentative de revenir sur Mars en 1992, la NASA décida de changer de stratégie et élabora la sonde Mars Pathfinder, moins chère et plus petite. Cet atterrisseur n’était, contrairement à ses ancêtres Viking, qu’une des pièces de la mission, car l’objectif était de faire atterrir en sécurité un petit robot mobile nommé Sojourney, précurseurs des futurs Rovers martiens. L’engin explora pendant près de trois mois la surface martienne. En parallèle, le satellite du programme sera actif durant 9 ans, accumulant plus d’informations que toutes les missions précédentes. Grâce à cette mission, la présence d’eau par le passé est un peu plus confirmée et ouvre l’hypothèse que de l’eau serait toujours présente.
Ce nouveau succès, contrairement à Viking, ne restera pas sans suite: dès 2001, le programme Mars Odyssey prit le relais avec succès à son tour, suivi en 2003 des Mars Rover Spirit et Opportunity. Ce dernier est, douze ans plus tard, toujours actif sur le sol martien et continue ses pérégrinations au service de la NASA, aux côtés de d’autres Rover plus récents. L’objectif des scientifiques reste le même: découvrir la présence d’eau récente ou ancienne sur Mars en analysant les sols.
Mais depuis le début des années 2010, l’ambition d’un voyage habité vers Mars gagne les esprits des chercheurs ainsi que du public au gré de nouvelles découvertes, dont la présence d’eau liquide à sa surface. Si certains projets sont improbables – à l’image du programme Mars One – d’autres, dont les objectifs à long terme sont plus réalistes, continuent d’être étudiés.
Ainsi, la NASA persiste à l’étude du lanceur SLS, une fusée capable de transporter entre 70 et 130 tonnes d’équipements, ouvrant la voie à la construction d’engins suffisamment puissants et fiables pour d’éventuels voyages sur de longues distances, que ce soit pour revenir sur la Lune ou éventuellement poser un jour un pied sur Mars.
À l’heure où ces lignes sont écrites, la Russie, elle, envisage d’envoyer des humains sur la Lune.
Crédit photo principale : Wikimedia – NASA (Curiosity rover)
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