Les cinq meilleurs films de Gaspar Noé
Soyons clairs et précis tout de suite: les films et court métrages du réalisateur franco-argentin Gaspar Noé ne sont pas à mettre entre toutes les mains, surtout les plus prudes. L’homme a son propre style, atypique et tranché, et autant le mentionner immédiatement, plaire au plus grand nombre ne fait pas vraiment partie de ses préoccupations premières. Voir un film de Gaspar Noé, c’est avant tout vivre une expérience cinématographique qui flirte avec l’irrationnel; dans la plupart des cas les spectateurs sortent de la projection abasourdis, perplexes face à l’œuvre qu’ils viennent de voir. Aujourd’hui, Toolito décide de revenir sur les 5 films les plus marquants de sa carrière, 5 films qui ont forgé la légende de l’homme qui assomma Cannes en 2002.
Seul Contre Tous, 1999
Selon Gaspar Noé lui-même, le concept de Seul Contre Tous était de réaliser le film le plus abjecte possible. Mention très bien pour lui, qui réussit même à transcender le terme même d’abjection. L’histoire est propice au débordement puisque un homme sort de prison et décide de renouer les liens avec sa fille tout en reconstruisant un semblant de vie « normale ». Il s’agit cependant de s’interroger sur la subjectivité de la morale, sur la rationalité et la relativité de l’éthique, et force est de constater, que de nombreuses questions demeurent après l’avoir vu.
Irréversible, 2002
Le festival de Cannes ne s’est toujours pas remis de la projection d’Irréversible et de sa scène de viol qui pousse le spectateur dans ses derniers retranchements (à noter que la scène de l’extincteur joue dans la même catégorie). Garder l’œil constamment rivé sur l’écran n’est pas chose aisée, mais il faut bien avouer que Gaspar Noé a là montré au monde l’étendue de son talent. Le film est monté à l’envers, commençant par le générique de fin, puis les conséquences du viol, la recherche du violeur et ainsi de suite. Une expérience des traumas du temps.
Carne, 1991
Carne est un court métrage, l’une des premières réalisations de Gaspar Noé, et déjà il est facile de sentir son envie de bousculer les lignes. Carne raconte l’histoire d’un boucher qui cherche à se venger de sa propre fille. Mais il ne s’agit pas d’une vengeance « traditionnelle »: l’homme a élevé sa fille, il l’a aimé jusqu’à réprimer ses pulsions d’incestes, il l’aimait jusqu’à supposer un viol inexistant, et c’est de cet amour sans limite dont il est question. Un amour qui se métamorphose en une haine brutale. Ici pas de surprise, puisque que Gaspar Noé a pris la délicatesse de nous avertir que la fin du film est presque insoutenable.
Enter the Void, 2010
Pour beaucoup, c’est le meilleur film de Gaspar Noé à ce jour, une vision brillante de la ville de Tokyo imaginée à travers les yeux d’une âme errante. Un vendeur de drogue vivant de petits deals est abattu par la police dans les toilettes d’un bar, et comme le dit si bien le titre belge du film « et soudain le vide ». Une errance permanente entre les néons version kaléidoscope de Tokyo, et le souvenir d’une promesse qu’il lui faut à tout prix tenir: ne jamais abandonner sa sœur.
Tintarella di Luna, 1985
Toute œuvre de cinéaste n’a pas forcément de fin, mais un début oui. L’histoire cinématographique de Gaspar Noé commence avec ce court métrage, Tintarella di Luna, un ovni de 18 minutes qui nous fait comprendre immédiatement l’importance de l’atmosphère dans le cinéma du franco-argentin. Et déjà les thèmes chers au réalisateur sont présents: la relation presque permanente entre l’amour et la mort et le comportement bestial de l’Homme quand on lui retire ce qu’il aime. Plus qu’un film, il s’agit là d’un poème.
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