Le 26 avril 1986, la centrale nucléaire de Tchernobyl a fait l’objet d’un incident radioactif majeur. Retour sur cet événement, 30 ans après.

Sur l’échelle internationale des événements nucléaires (INES), la catastrophe de Tchernobyl en Ukraine, tout comme celle de Fukushima au Japon, est classée niveau 7, c’est-à-dire que cela fait d’elle l’accident radioactif le plus important de la planète et l’un des plus dangereux.

Il y a 30 ans de cela, le 26 avril 1986, un événement majeur a eu lieu en URSS au sein d’une centrale nucléaire, désormais connue de tous. Quelles sont les causes de ce désastre ? Quelles en sont les conséquences ? Comment l’Homme a réagi face à cette épreuve ? Qu’en est-il aujourd’hui ? Nous allons répondre à toutes ses questions dans cet article afin de faire le point sur la situation.

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Les origines de la catastrophe nucléaire

Si le départ de la catastrophe de Fukushima sont des causes naturelles (un séisme suivi d’un tsunami), l’accident survenu en Ukraine est tout autre. Les origines de ce dernier sont multiples: il y avait certains dysfonctionnements au sein du système, des erreurs humaines ont été commises et des décisions sécuritaires n’ont pas été prises… La « centrale V.I. Lénine » qui se situe dans la ville de Pripyat, est plus célèbre sous le nom de « centrale nucléaire de Tchernobyl » car elle a dégagé dans cette zone un nuage radioactif très nocif pour l’environnement et la population.

Tchernobyl aujourd'hui

Crédit photo: Flickr – Michael Kötter

En effet, le 26 avril 1986, en pleine nuit, la puissance du réacteur n°4 a été incontrôlée et a conduit à l’échauffement de celui-ci. La fusion du cœur a fait fondre les crayons de combustibles à l’intérieur, composés d’uranium et de plutonium, des éléments hautement radioactifs ce qui provoqua une explosion aux conséquences dévastatrices. C’est lors d’un exercice que cet événement a eu lieu: les techniciens souhaitaient tester des générateurs diesels afin de savoir s’ils seraient capables de remplacer le réseau en cas d’une perte totale de l’électricité dans la centrale.

Faire face à cette situation inhabituelle

Les travailleurs sur les lieux n’ont pas pris immédiatement conscience des dangers de cette situation. Ce n’est que plus tard que des décisions ont été prises pour y faire face. Des pompiers ont été appelés afin d’éteindre l’incendie pour qu’il ne se propage pas à l’intérieur du bâtiment. Le risque était que les flammes atteignent d’autres réacteurs et qu’ils s’échauffent également, causant d’autres explosions. Mais l’eau n’est pas une solution face au nucléaire, ce n’est qu’avec des sacs de sable lancés à partir d’hélicoptère qu’ils parviendront à venir à bout de l’incendie.

Dans la seule journée du 30 avril, 30 tonnes de sable et d’argile sont déversées sur le réacteur. La méthode est très difficile à réaliser, et surtout dangereuse, puisque même à une altitude importante les radiations atteignent les sauveteurs. Ils doivent réussir au plus vite à lancer les sacs dans la fente de 10 mètres de diamètre créée dans le toit de la centrale. Malheureusement les soldats du feu et les autres équipes en charge de l’accident, qui n’étaient pas préparés face à ce terrain, sont tombés malades et ont trouvé la mort par la suite, pour la plupart.

Un accident d’une grande inquiétude planétaire

Le gouvernement n’a pas prévenu sur-le-champ la population afin qu’elle ne cède pas à une panique générale. Les communes avoisinantes, à savoir Pripyat, Tchernobyl et Kiev, ont été évacuées tardivement. Suite à ce désastre, de nombreuses personnes sont tombées malades et sont décédées à cause des déchets toxiques qui se sont échappés dans l’atmosphère.

Une inquiétude s’est installée au sein des communautés, des femmes se sont fait avorter par peur de contamination, des enfants ont subi d’importantes angoisses suite au déménagement brutal, et une augmentation des cancers a été détectée. Mais les conséquences de l’accident nucléaire n’ont pas seulement été visibles aux alentours du site. De l’air toxique a commencé à se propager dans le monde entier, et surtout en Europe. Le nuage de Tchernobyl a conduit à une hausse détectable de la radioactivité jusqu’en France, même si à ce niveau les problèmes sanitaires ont été moindres.

Nuage de Tchernobyl, Propagation, Monde

Propagation du nuage radioactif dans le monde le 1er mai 1986 / Crédit photo: Capture d’écran – IRSN

Enfin, il faut savoir que la flore et la faune ont été ravagées par les radiations à de nombreux kilomètres à la ronde causant des désastres irréparables dans les écosystèmes. Beaucoup d’animaux ont été tués afin que les déchets empoisonnés dans leur pelage ne se transmettent pas d’un spécimen à un autre. La durée de vie des espèces a considérablement diminuée, notamment celle des forêts de conifères. Mais cela va encore plus loin: les eaux souterraines ont été touchées par la toxicité et de nombreux sols ne peuvent plus être utilisés pour l’agriculture.

Aujourd’hui, la nature recommence à suivre son cours

Les différents endroits qui ont été évacués sont devenus avec le temps de véritables villes fantômes. Trente ans après la catastrophe, on s’aperçoit que des mammifères sont à nouveau présents dans cette région et que la végétation s’est adaptée à ce nouvel environnement. Des arbres poussent à l’intérieur des immeubles désaffectés, des animaux prospèrent dans des lieux jadis occupés par les humains. Mais nous n’avons aucune certitude quant à leur état de santé.

Tchernobyl, habitants

Crédit photo: Flickr – Michael Kötter

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On s’aperçoit également que certaines populations habitent toujours dans les villes abandonnées. Il s’agit de personnes âgées pour la plupart (75 ans en moyenne), qui n’ont pas pu se résoudre à vivre ailleurs qu’ici. Cette communauté est appelée les samosely et ne présente à priori que très peu de problèmes de santé, hormis ceux liés à la vieillesse. Certains cultivent même la terre afin de pouvoir manger des produits locaux ! En tout cas, des années après l’accident nucléaire, la centrale continue d’être surveillée et de susciter des questions: la radioactivité est loin d’avoir disparue…

Actuellement, un gigantesque dôme en acier est conçu sur les ruines de l’ancienne centrale nucléaire. Cette arche permettra de mettre « sous cloche » le réacteur n°4 en novembre prochain afin d’entamer ensuite son démantèlement.

Crédit photo principale : Wikimedia – Diana Markosian

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